Le comptoir des jeux
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A partir du 4ème siècle après JC, se sont répandus au Nord de l’Europe plusieurs jeux aux principes similaires et originaux, redécouverts aujourd’hui.
Regroupés dans la famille des « Tafl » (« table » en vieux norvégien), ces jeux ont pour caractéristiques communes : un plateau de jeu carré, avec certaines cases marquées symétriquement ; des forces inégales (un joueur possédant le double de pièces que son adversaire) ; principe de prise des pièces par encadrement ; des objectifs de jeu différents et une pièce particulière, le roi.
On tend aujourd’hui à penser que ces jeux sont l’adaptation d’un jeu romain, le Latrunculi, lui-même descendant du jeu grec Pettia. En effet, le principe commun de l’encadrement pour la prise et la découverte de quelques tracés de Latrunculli dans la Rome « britannique » accréditent cette hypothèse. Les peuples celtes et nordiques y auraient apporté la différenciation des forces et des objectifs de jeu, à l’instar des jeux comme « le renard et les poules », très pratiqué alors dans les pays anglo-saxons.
Joués essentiellement dans les îles britanniques et en Scandinavie, ces jeux sont peu à peu tombés en désuétude, supplantés par l’arrivée, à partir du 12ème siècle, d’un nouveau venu, les échecs. Ils ne firent leur retour qu’avec le regain d’intérêt au sujet des vikings et des civilisations celtes.
Alors, jeux vikings ?
Ils représentent aujourd’hui, de manière simpliste, le symbole ludique des vikings. Si ces derniers ont sans doute aidé à leur diffusion dans le nord de l’Europe, il s’agit d’un très grand raccourci de les restreindre aux commerçants quelque peu guerriers qu’étaient les vikings.
La plus ancienne trace de ces jeux, bien antérieure aux Vikings, date du 4ème siècle après JC, avec un morceau de plateau de jeu découvert à Wimose (Danemark).
Des interrogations demeurent donc quant aux origines de ces jeux : ont-ils été transmis aux scandinaves par les britanniques ? Ou bien l’inverse ? La datation de certains tracés de jeu pourrait laisser penser à une antériorité britannique, mais la question n’est pas encore tranchée.
Un de ces jeux, le Tablut, a été précisément décrit en 1732 par le naturaliste suédois Linné, lors de son excursion botanique en Scandinavie. Pratiqué par le peuple Sami, les règles du Tablut nous ont aidé à appréhender et interpréter les principes des autres jeux découverts depuis.
Une grande variété de jeux
Au Tablut décrit par Linné, on peut ajouter à cette grande famille le Ard-ri écossais, le Fidchell (mentionné dès le 9ème siècle) ou le Brandub irlandais, le Tawl Bwrdd (prononcez le comme vous le voulez) gallois, le Hnefatafl norvégien et l’Alea Evangelii saxon (dont le nom est tiré des 2 premiers mots du manuscrit le décrivant).
Les tailles de plateau des jeux précités vont de 7 x 7 cases à 18 x 18 cases, avec des positions de départ (le roi étant toujours au centre) variant quelque peu, surtout pour l’étonnant Alea Evangelii (voir diagrammes).
A la fois support de récits mythologiques, religieux ou historiques, ces jeux possèdent dans ces manuscrits une description de leurs règles peu explicites et sujettes à interprétation.
Autre difficulté fréquente à cette époque, les noms utilisés peuvent aussi signifier une classe de jeu, plutôt qu’un jeu précis.
Les principes de jeu
Prenons exemple du Tablut, aux règles les mieux décrites.
Le jeu se déroule sur un plateau de 9 cases sur 9.
Un joueur joue le camp des défenseurs (pions blancs sur le diagramme) : un roi au centre du plateau (cette case centrale, le trône ou « Konakis », ne peut être occupée que par le roi) et huit soldats qui le protègent.
L´autre joueur joue le camp des attaquants (16 pions noirs), positionnées au début du jeu sur les cases extérieures du plateau.
Le but du jeu est de, pour les attaquants, de capturer le roi et, pour les défenseurs, de le faire fuir vers l’une des 4 cases de coin du plateau de jeu. Les défenseurs commencent la partie. Chaque joueur déplace à son tour une seule de ses pièces.
Toutes les pièces (soldats et roi) se déplacent de la même manière : comme la tour aux échecs, à savoir verticalement ou horizontalement, d’autant de cases voulues, sous la condition que ces cases soient vides (un pion ne peut sauter au dessus d’un autre). Les pièces peuvent donc se déplacer sur tout le plateau de jeu, à l’exception du trône (elles peuvent passer au dessus, mais ne peuvent s’y arrêter).
Pour prendre une pièce adverse, il est nécessaire de l’encadrer entre 2 pièces de son camp (horizontalement ou verticalement). Par contre, si un pion se déplace de lui-même entre 2 pions adverses, il n’est pas capturé. Il est possible de capturer plusieurs pions adverses en même temps.
Sur l’exemple ci-contre, le pion noir 1 peut se déplacer entre les 2 soldats blancs sans craindre de prise.
Le pion noir 2 peut capturer 2 pions blancs.
Les pièces capturées sont sorties du plateau.
Pour capturer le roi, il est nécessaire de l’encadrer par 4 soldats (le roi étant complètement encerclé) ou 3 soldats si la quatrième case adjacente est le trône.
Variantes
Plusieurs variantes de ce jeu existent, qui diffèrent essentiellement par le choix des cases par lesquelles le roi suédois peut fuir. On peut augmenter le nombre de cases de fuite en considérant que le roi peut fuir par n’importe quelle case du bord. Cela facilite la tâche des défenseurs et permet des parties un peu plus rapides.
Afin d’équilibrer une partie où les joueurs auraient des niveaux de jeu très différents, il est possible de statuer que la capture du roi ne nécessite que 2 attaquants (comme toute capture de soldat).
Quelques conseils de jeu
Il apparaît assez vite que le camp du roi, malgré son infériorité numérique, possède un jeu plus aisé à mener que son adversaire, surtout lorsque les joueurs ont peu d’expérience. En effet, les assaillants doivent agir vite et profiter du nombre important de pièces sur le plateau de jeu pour étouffer le roi, par prise successive de ses plus proches défenseurs, bloquant ainsi très tôt sa progression. Si les défenseurs arrivent au contraire à capturer plusieurs attaquant et ainsi à dégager un chemin pour leur roi, la partie tournera rapidement à leur avantage.
Par leur histoire, leur localisation géographique restreinte et leur lien avec l’évolution d’autres jeux, les « Tafl » sont des jeux à redécouvrir. Ils reprennent d’ailleurs de la vigueur depuis quelques décennies en Scandinavie et aussi dans les régions celtiques, notamment en Bretagne sous le nom de Gwezboell.
Article écrit par Jean-Manuel Mascort, paru dans la revue "Jeux sur un plateau".
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